« Accepter l'idée d'une défaite, c'est être vaincu. »

En plus du fait qu'il n'y a pas cours aujourd'hui, il fait beau. Un magnifique soleil, dans un ciel bleu et pacifique... J'en ai profité pour proposer à Maë-Lys de passer la journée avec moi; je l'ai emmené sur la pelouse du campus. J'adore passer du temps avec cette fille... elle est merveilleuse! Et puis on est rien que tous les deux, juste tous les deux. Quand je la regarde droit dans les yeux, je me dis que j'ai vraiment de la chance de l'avoir. Énormément de chance! Ce que j'aime le plus chez elle, c'est son sourire. Son magnifique sourire... Enlacée dans mes bras, je la serre un peu plus fort contre moi, un peu comme si j'avais peur de la perdre à tout jamais. J'approche mon visage près du sien et j...

BIP! BIP! BIP!

Noooon... Pas ça, pas maintenant! J'abats violemment ma main sur le réveil qui semble sonner encore plus fort. J'en conclus qu'il me résiste, j'emploie donc la manière forte. Je prends le réveil et tire de toutes mes forces. Le fil s'arrache alors de la prise électrique et je le balance avec puissance contre le mur. Le réveil explose alors en éclats, et le "bip" effroyable qu'il produisait cesse. Génial, j'aurai plus qu'à en racheter un autre... Je me retourne sur le ventre et enfouis ma tête dans l'oreiller. Plus jamais ne me couche aussi tard... Non seulement je me retrouve avec la gueule de bois, mais en plus, j'ai cours dans une heure. Doucement, je retire ma tête de l'oreiller pour ouvrir les yeux. Eh oh! Doucement l'éclairage! Je me frotte les yeux et tente de me lever. Mes muscles sont raides et ma tête me fait un mal de chien! A croire que des flux de vodka circulent encore dans mes veines. Tout en m'étirant, je me dirige vers la salle de bain. Il semblerait que j'ai perdu mon caleçon dans la bataille... ça devient une habitude maintenant... J'ouvre la porte et en face : un mur. Je fronce les sourcils en me grattant la tête, persuadé que ma salle de bain avait l'habitude d'être en face de ma chambre. Soit j'ai bu un alcool très fort avec des effets hallucinogènes, et dans ce cas là, je n'avais décidement pas décuvé de la veille. Soit ma salle de bain avait bel et bien foutu le camp. Je cligne des yeux et, comme pour vérifier que ma chambre n'avait pas bougé, je me retourne en direction du lit. Merde! C'n'est même pas ma chambre! Et apparemment, le lit n'est pas vide. En regardant autour de moi, je ne perds pas temps à remarquer que cette chambre était en fait celle d'Alexie Tielsen. Soulagement... J'esquisse un sourire, qui se transforma très vite en grimace... Son réveil! Bordel, pouvu qu'elle ne m'arrache pas les yeux. En tout cas, elle doit être profondément endormie... J'me demande comment elle a fait pour ne pas entendre le bruit de son réveil s'écraser contre le mur... Je ramasse mes affaires sur le sol, y compris mon caleçon et enfile le tout. J'hésite à partir sans rien dire. Finalement, après avoir trouver un papier et un crayon, j'écris : « Désolé pour ton réveil! On s'arrangera pour le paiement. Au fait, la prochaine fois, évite de ronfler aussi fort! » Alexie, c'est une très bonne amie, voir même une meilleure amie. Et parfois, on s'fait plaisir. Notre amitié est rythmée par des confidences et du sexe. Certains pensent qu'on est en couple, mais c'est pas le cas. Ces gens là, pensent mal. En fait, quand Alexie est arrivée à Brisbane, il y a un peu moins d'un an, on a tout de suite sympathisé. On est devenu très vite amis, et il n'y avais aucune ambiguïté. Il faut dire que j'étais encore en couple avec Maë-Lys, j'n'avais pas vraiment envie d'aller voir ailleurs. Puis quand Maë m'a largué, je me suis retrouvé dans le même lit qu'elle, et je ne saurais pas vous expliquer comment s'est arrivé... A la base, j'étais venu me confier à ma meilleure amie; à la base... Quoi qu'il en soit, maintenant, je n'y fais plus attention. Coucher avec Alexie est devenu une habitude, en quelque sorte.

Rapidement, je sors de sa chambre, puis de son appartement. Plus qu'une demie-heure avant le début de mes cours. Je prends ma voiture et file chez moi, histoire de me laver un peu et retrouver les idées claires. Une fois chez moi, direction la salle de bain, la mienne cette fois. Je commence par me brosser le dents. J'ai encore le goût de l'alcool et c'est franchement pas terrible. En même temps que je me brosse les dents, j'observe mon reflet dans le miroir. Je déteste les miroirs. J'ai l'impression de voir tout ce que les autres ne voient pas. J'apparais, aux yeux de tous, comme le stéréotype parfait du mec insensible et libertin. Et ça se comprend... Je couche avec les filles que je croise en soirée, et ce n'est jamais la même. Je fais comme si personne ne peut m'atteindre -sentimentalement parlant, alors que Maë-Lys est mon point faible. Ouais, Maë-Lys Roadford, c'est l'ex capitaine des cheerleaders, l'ex fille la plus populaire et c'est surtout mon ex petite-amie. Si seulement je savais quel est l'enfoiré qui l'a violée... Parce que oui, je sais peut-être pas précisément pourquoi elle m'a largué, mais je suis pas con. Je sais que c'est en partie à cause de ce viol. J'n'ai jamais eu l'occasion de lui reparler, depuis notre rupture. Pourtant, j'en rêve! Bordel ce que j'aimerais la retrouver, l'avoir à nouveau rien que pour moi, la protéger et lui promettre que tout ira bien... Je me rattache encore à l'espoir, même si peu à peu, la corde craque. Tous voient en moins un mec heureux, qui n'a besoin de rien. Alors qu'en fait, j'ai seulement besoin de retrouver Maë-Lys...
Je me rince la bouche et me déshabille pour aller sous la douche. Je serai définitivement en retard, m'enfin, c'est pas comme si c'était la première fois. L'eau bouillante, au contact de ma peau, me fait du bien. Je frotte mon corps avec du savon, aussi énergiquement que je le peux. J'en profite pour laver mes cheveux qui sont collants. J'ose à peine imaginer ce qu'on a pu me faire subir hier soir. Je sors en vitesse et enroule une serviette autour de ma taille, puis j'en prends une autre pour me sécher le visage et le torse. Dernière étape, ou plutôt, avant-dernière : m'habiller. Aller en cours avec des vêtements, c'est mieux. J'enfile un jean et un tee-shirt noir simple. La simplicité, c'est le sex-appeal! Cette fois, dernière étape : la coiffure. Un peu de gel pour donner un peu d'allure à mes cheveux et me voilà prêt.
Si on était un an plus tôt, j'aurais appeler ma soeur pour lui dire qu'il fallait qu'on parte. Sauf que Calypso est partie, il y a un an. Pour des raisons que j'ignore... Quand on me demande où est partie ma soeur, j'ai un peu honte de ne pas pouvoir leur dire. Pourtant, j'aimerais bien. Elle me manque. Beaucoup trop. Mais d'un côté, je lui en veux d'être partie sans rien dire, ni à moi, ni à mes parents. Je lui en veux de n'avoir donner aucuns signes de vie. C'est ma soeur quand même... Un an, c'est trop long sans elle. Enfin bref, je pousse un soupir. Dire que ma vie était parfaite qu'il y de ça, un an... Les choses ont bien changées. Tout m'est tombé dessus, sans que je m'y attende. Quoi qu'il en soit, on est un lundi. Et comme tous les lundis, j'espère que la semaine va être bonne, ou du moins, meilleure que toutes les précédentes. Mon sac de cours, mes clés de voiture et mon blouson. Je claque la porte de mon appartement, prêt à aller en cours, avec toujours, les mêmes espérances.

Spoiler: